Coupe de France 1986 - La finale de Giresse
Les Girondins remportent la Coupe, 45 ans après
Champion de France les deux saisons précédentes, Bordeaux poursuit sa razzia avec la coupe de France, marquée du génie de son capitaine emblématique.
Bordeaux renoue avec la Coupe de France cette saison-là. Il aura fallu attendre quarante-cinq ans et six finales perdues pour voir les joueurs au Scapulaire soulever la Coupe au Parc des Princes. Mais il était parfaitement logique que ce soit cette génération dorée qui ait cet honneur, au terme d’un parcours dont le sommet aura bien été la finale et l’homme du match, Alain Giresse.
Gagner la Coupe de France, c’est assurer un long parcours semé d’embûches, de matches piège et de retournements de situation, pour accéder à la finale, qui n’est pas forcément le rendez-vous le plus accompli. Si une finale, ça se gagne, ce n’est pas toujours elle qui reste dans les mémoires. Sauf cette année 1986. La plupart des joueurs ont aujourd’hui oublié leurs adversaires précédents. Mais tous sont intarissables sur ce 30 avril. Ce soir-là, tous les ingrédients étaient présents pour faire de cette rencontre un classique.
« La veille, au Trianon Palace où nous étions rassemblés, on avait fait les cuisines de l’hôtel pour ramasser deux grands seaux à champagne. Remplis de glace, on avait, Gigi et moi, passé la nuit avec pour essayer d’anesthésier la douleur », nous raconte Bernard Lacombe. Le buteur souffre d’une entorse du genou et nous confie qu’Alain Giresse a une petite fissure du péroné qu’il tait. Deux mois plus tard, il y a le Mondial au Mexique… Ils sont cuits, comme leurs coéquipiers fatigués par une saison longue close quatre jours avant à la troisième place. Une déception pour le Bordeaux de Claude Bez, qui doit impérativement sauver son année par un titre.
Quand le président présente sa pléiade d’internationaux à François Mitterrand, il y a un temps d’arrêt sur Alain Giresse. Les Gigi et Gigi, c’est une entité qui dure depuis 1970. Avec son club, le capitaine a tout vécu, tout partagé, tout gagné. Tout, sauf une finale. Et ce soir-là, c’est sa dernière occasion de le faire. L’histoire d’amour va prendre fin et Giresse joue son 519ème et dernier match sous ses couleurs de cœur.
UNE AFFAIRE DE PÉNALTIES
Si les Bordelais sont favoris, les Marseillais du nouveau président Tapie, plus frais, ne l’entendent pas ainsi. L’ambiance est chaude, le match fermé. Quand Uwe Reinders rate son penalty (25ème minute), puis que l’arbitre est le seul à ne pas voir la main de Bonnevay dans la surface bordelaise (38ème), on craint le pire. D’autant que cette décision, dont il s’excusera ensuite, provoque un pétage de plombs de Giresse, méconnaissable sur le coup et dans la minute suivante, l’ouverture du score de l’OM sur un autre péno ! Au retour des vestiaires, Marseille manque le KO avec une frappe de Diallo sur la transversale. Les Girondins en profitent par Tigana, le meilleur bordelais, qui d’une demi-volée, trompe Joseph-Antoine Bell. 1-1, balle au centre.
Solide, à défaut d’être inspiré, Bordeaux va faire parler son expérience jusqu’en prolongation. La séance de tirs au but approche, les Girondins sont carbonisés, sauf Tigana. C’est lui, le minot des Caillols, qui récupère à trois minutes de la fin un ballon au milieu de terrain, s’enfonce côté droit et centre pour Giresse aux seize mètres. Le temps s’arrête pour le capitaine, qui enchaîne, miracle de lucidité et de virtuosité, un contrôle pied gauche et sur le rebond, un lob du pied droit que Bell regarde entrer dans le but. Comme un enfant, Giresse court, court, bras tendus et ouverts vers le bonheur.
Auparavant, les hommes de Jacquet avaient fait le job. Un parcours solide, linéaire dont on peut retenir leur premier tour, contre Toulouse, un 25 janvier. Les Girondins viennent de subir une véritable déflagration, le weekend précédent, en championnat, à Monaco. 9-0, sept buts en seconde période, il faut pouvoir digérer ! Tout le monde a les yeux fixés sur le club et se demande quelle va-t-être sa réaction. Jacquet remet les mêmes hommes, seul René Girard remplaçant Laurent Lassagne. L’équipe montre sa force de caractère en dominant le TFC 2-0. On connaît la suite.
Leur parcours
32ème de finale (à Mont-de-Marsan)
Bordeaux-Toulouse : 2-0 (Reinders, Hanini)
16ème de finale
Red Star (D2)-Bordeaux : 0-1 (Hanini). Retour, 1-0 (Tusseau)
8ème de finale
Chaumont (D2)-Bordeaux : 0-0. Retour, 5-0 (Tigana, Reindersx2, Hanini, Lacombe)
Quarts de finale
Tours (D2)-Bordeaux : 0-1 (Reinders). Retour, 1-0 (Girard)
Demi-finale
PSG-Bordeaux : 1-1 (Reinders). Retour, 2-1 (Reinders, Girard)
Finale
Bordeaux bat Marseille 2-1 (a.p.)
Parc des Princes. Spectateurs : 45 429.
Arbitre : M. Quiniou.
Mi-temps : 0-1.
Buts : Tigana (52'), Giresse (116') pour Bordeaux. Diallo (45' s.p.) pour Marseille.
Bordeaux : Dropsy - Thouvenel, Roche, Battiston, Rohr - Girard, Tigana, Giresse (cap.), Tusseau - Lacombe (Lassagne, 46e), Reinders. Remplaçant : Pascal. Entr. : A. Jacquet.